Aouli-Mibladen : petite histoire d’un grand district

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Gloire et déclin d’une région minière

Aujourd’hui, Aouli et Mibladen ressemblent à des villes fantômes du Far West, mais il n’en était pas de même il y a 50 ans.

Avant la « ruée vers l’or rouge » de la vanadinite, Midelt était déjà réputée pour ses mines de plomb. Les premiers indices ont été remarqués par les Français au début du 20e siècle à Mibladen puis à Aouli. L’exploitation a débuté dès 1939, sous la houlette de la Compagnie Minière de l’Afrique du Nord, future Société des mines d’Aouli. Ce sont les Français qui vont développer l’activité minière dans la région.

1916 : découverte de Mibladen

1923 : découverte d’Aouli

1939 : Début de l’exploitation

1946 : reprise de la mine par la société Penarroya

1975 : arrêt de la mine d’Aouli-Mibladen

1983 : arrêt de la recherche sur Aouli-Mibladen

1983 – aujourd’hui : exploitation artisanale (minerai de plomb, minéraux de collection)

En 1975, l’appauvrissement des filons ajouté aux très faibles cours des métaux signa l’arrêt de la mine. La recherche a cependant continué jusqu’en 1983 (BRPM), par des sondages et des travaux miniers qui ont mis en évidence de nouvelles zones minéralisées qui restent inexploitées jusqu’à aujourd’hui.

L’exploitation a laissé de nombreux vestiges, en partant des galeries et des installations minières, aux bâtiments de service, cités ouvrières, ponts… Tous ces restes sont visibles le long de la route Midelt-Aouli et sont laissés totalement à l’abandon. La cité ouvrière d’Engil, au-dessus d’Aouli, est particulièrement impressionnante : une centaine de maisons jumelées dont le toit a été retiré et le mobilier vidé. Les maisons font moins de 20m², les gens de l’époque ne devaient pas être trop exigeants ! Ces vestiges sont destinés à l’oubli et la destruction. Il serait pourtant facile de mettre en valeur ce patrimoine minier, culturel et naturel dans un but touristique et pédagogique !

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La mosquée du village abandonné d’Aouli
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Cité ouvrière à Aouli

 

 

 

 

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Puits d’extraction à Sidi Ayad
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Résidus miniers à Aouli

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La ruée vers « l’or rouge »

La vanadinite a contribué largement à la renommée de Midelt, mais ce n’est qu’à la fin de l’exploitation vers les années 70-80 que les gens commencent à s’intéresser vraiment à ce minéral rouge. Dans les années 1980, le BRPM a amorcé une descenderie pour contrôler un niveau minéralisé dans le secteur Adeghoual (à l’Ouest de Mibladen). Cette galerie, longue de 125m, produira parmi les plus beaux spécimens de vanadinite (la fameuse mine « La SIF » parfois déformée en « ACF »).

 

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Galerie « La SIF » pour la vanadinite

Cette galerie est toujours exploitée, et même visitable ! il suffit de demander aux mineurs sur place (penser à prendre une bonne lampe). Cette visite permet de se rendre compte des conditions de travail particulièrement mauvaises des mineurs et bien sûr de voir en place la fameuse vanadinite ! Elle est cependant fortement déconseillée si vous êtes claustrophobe, maniaque de la sécurité… Les mineurs vous raconteront certainement la légende de ce gars qui découvrit une pièce de musée enfouie à 20m sous terre et qui la vendit 200 000€ à un riche Américain… et qui gaspilla tout l’argent dans les hôtels de Marrakech et d’Agadir avec filles et alcool coulant à flot !

 

Références :

Michard et al., Nouveaux guides géologiques et miniers du Maroc – Vol. 9 « Les principales mines du Maroc », éditions du service géologique du Maroc, 2011

Rapports du BRPM